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Non, à d’autres qu’à vous je ne veux point devoir
Le bien que par vos mains j’espere recevoir,
Deust la fortune en estre envers moy plus cruelle.
Le ciel m’y soit propice, et face tellement,
Que j’aye en ceste attente un plus juste argument
De me loüer de vous, que de me plaindre d’elle.

A EUX-MESMES

Esprits dont la vertu maintient la sympathie
Qui d’un ferme lien joinct ensemble vos cœurs,
Tant la sage bonté qui reluit en vos mœurs
Semble estre également entre vous départie :
C’est par vostre faveur que mon ame est sortie
Du pouvoir des ennuis, des soins et des douleurs :
Que mes poignans chardons se sont changez en fleurs,
Et ma longue amertume en douceur convertie.
Maintenant sortiroy-je, avec ma liberté,
Du lien invisible où se trouve arresté
Le soucieux esprit d’un debteur non solvable,
N’estoit que je retombe és liens que je fuy :
Car ce qui maintenant m’acquitte envers autruy,
Me rend en vostre endroit à jamais redevable.

AU ROY

Voir Alexandre assis dans le thrône de Cyre,
Ne fut oncques si doux à la grecque valeur,
Qu’il nous est de vous voir apres tant de douleur
Assis dedans le vostre au cœur de cet empire.