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 FONTAINE-BLEAU

Si jamais mon esprit conceut quelque esperance
De voir les deux partis qui divisent la France
Reconjoints en un seul, et comme ils n’ont qu’un Roy,
N’avoir qu’une loy mesme, et qu’une mesme foy :
Certes c’est maintenant qu’une attente asseuree
S’en engendre en mon ame, et l’y rend preparee,
Puis qu’avec tant de zele et de constante ardeur
(ô roy de qui la terre admire la grandeur)
Je vous voy travailler sans relasche et sans feinte,
Pour le progrez d’une œuvre et si juste et si sainte.
Car je ne puis douter que ces heureuses mains,
Que ce cœur invincible aux accidents humains,
Qui lors que le soucy des sceptres de la terre
Les alloit agitant par les flots de la guerre,
Ont eu Dieu si propice, et qui victorieux
Ont atteint par sa grace un port si glorieux,
N’esprouvent sa faveur cent fois plus manifeste,
Maintenant que pour luy, pour une œuvre celeste,
Pour l’heur de son espouse, et l’honneur des autels,
Vous rongez vostre esprit de soucis immortels,
Et paroissez brusler d’une eternelle envie
D’offrir ce qui vous reste et de sang et de vie.
Trois rois vos devanciers desireux de trouver
Un chemin qui les fist à ce bien arriver,
L’ont cherché comme vous, mais les fruits de leurs peines
N’ont repeu leurs desirs que d’esperances vaines :
Pource qu’ils l’ont cherché par les sanglants combats,
Par les monceaux poudreux des murs jettez à bas,
Par l’effort des tourments, par la rage des flames,
Par ce qui fait trembler les plus constantes ames :