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Qu’en heureuse franchise, et sans crainte de rien,
Chacun y vit paisible et maistre de son bien :
Bref, que sous vostre nom qui defend ceste terre,
Nous possedons la paix au milieu de la guerre.
Aussi nul jour n’épand sa clarté sur nos yeux,
Sans nous voir requerir que la bonté des cieux
Vous conserve longs temps à la saincte esperance,
Non de nous seulement mais de toute la France :
Qu’un renom perdurable et sans cesse vivant,
Aille dans le soleil vostre nom escrivant :
Que les siecles futurs admirans vostre gloire,
Avecques reverence en baisent la memoire :
Que cent lauriers vainqueurs, verds en toute saison,
Ceignent de toutes parts vostre illustre maison :
Que le sceptre françois jamais ne s’en retire,
Mais qu’il joigne à ses fleurs la pomme de l’empire :
Que Dieu vous assistant d’un heur presque fatal
Soit de vos ennemis l’ennemy capital :
Que son bras estendu sous vostre joug les donte :
Que la memoire en meure, ou vive pour sa honte :
Que le plus grand malheur qui vous puisse arriver,
Ce soit de ne pouvoir en vivant esprouver
De malheur qui suffise à rendre tesmoignage
Combien plus qu’aucun mal est grand vostre courage :
Bref, que si jamais prince a vescu comblé d’heur,
De pouvoir, de repos, de gloire et de grandeur,
Soit és siecles passez ou soit au cours du nostre,
Son bon-heur n’ait esté qu’une image du vostre.
Ainsi disent les vœux, ainsi dit l’oraison
Que pour vous, prince illustre, et pour vostre maison,
Nous envoyons au ciel et de cœur et de bouche,
Soit que le jour se leve ou soit qu’il se recouche :
Ces costaux, ces vallons, ces plaines et ces bois
Font la mesme requeste en leur muette voix.

DISCOURS