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L’eternel souvenir des bien-faits que ma vie
Reçoit de sa grandeur, jour et nuict me convie
À prier que ta main son tige benissant,
Rende ce royal arbre à jamais florissant :
Et que sous ses rameaux tous chargez de couronnes
L’Europe dorme en paix, depuis les deux colomnes
Qui du grand fils d’Alcmene ont borné les destins,
Jusqu’aux havres baignez par les flots bysantins.
Car que peut recevoir d’une ame liberale
Une basse fortune à mon merite égale,
Que mon propre desir, de l’effect surmonté,
N’ait point à pleines mains receu de sa bonté ?
Que ne doy-je aux vertus de ce prince invincible
Qui d’un dieu seul en France est l’image sensible ?
Ma langue n’en scauroit raconter les bien-faits,
Sans les diminuer, et succomber au faix
D’une charge onereuse à la mesme eloquence,
Et moins dire en parlant que ne dit mon silence.
Le juste roy des rois qui tient entre ses mains
La recompense deuë aux merites humains,
En vueille en ma faveur les faveurs recognoistre,
D’un heur qui ne pouvant ny croistre ny décroistre,
Monstre et tout ce que l’homme au ciel peut demander,
Et tout ce que le ciel peut à l’homme accorder :
Sans qu’aucun autre bien justement desirable
Y reste à desirer que l’estre perdurable.
Qu’il voye en paix fleurir son peuple obeissant,
Et sous luy tous malheurs avorter en naissant :
Que son nom seulement luy gaigne des trophees :
Que d’infinis lauriers ses mains soient estoffees :
Que tous ses ennemis de son joug soient dontez :
Et que le seul honneur de se voir surmontez
Par le plus vaillant roy qui vestit onc les armes,
Decorant leur ruine en console les larmes.
J’