Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée

 ses pensers pareils à ses annees,
Troubloient tout son estat de rebelles menees,
Munissoient contre luy ses villes et ses forts,
Jusqu’à son sceptre mesme estendans leurs efforts ;
Quand pour guarir ce mal par un mal necessaire
Avant qu’en voir tourner la playe en un ulcere,
Le coutelas au poing, il prevint leurs assaux,
Et bravant leur manda, que comme ses vassaux
Ils vinssent desarmez luy rendre obeissance,
Ou bien comme ennemis combattre sa puissance :
Qu’il estoit leur vray roy, s’ils estoient vrais François :
Que d’une main armee il offroit à leur choix
La vengeance et l’oubly de leur faute commise,
Et des maux qui suivoient leur rebelle entreprise :
Que l’un avec la force estant en son pouvoir,
Et l’autre dépendant de leur juste devoir,
Si leur aveugle esprit de l’un ne faisoit conte,
Ils trouveroient en l’autre et leur mort et leur honte.
Que peut un brave mot de la bouche d’un roy !
Ce propos leur versa dans l’ame un tel effroy,
Qu’encor que le glaçon d’une prudente crainte
Ne rendist pas deslors leur frenaisie estainte :
Si la vit-on depuis tous les jours s’amortir :
Et sa flamme en fumee en fin se convertir :
Eux, de qui la fureur songeoit des diadêmes,
Leur cause abandonner, s’abandonner eux-mesmes :
Se desunir d’ensemble, et l’un espouvanté :
Chassant le vain espoir qui l’avoit enchanté,
De bonne heure appliquer au mal de son offense,
Pour remede asseuré, la royale clemence :
Les autres redoutans l’inclemence des loix,
Aller chercher secours en la main des anglois :
Colorer leur forfait de serviles excuses :
Armer d’un foible effort leur imprudentes ruses :
Mais en fin, ces moyens croissans leur deshonneur,
Autant que de bon droit dépourveus de bon-heur,
Rechercher et trouver en la bonté royale
Ce que merite mal une ame desloyale.