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M’émerveillant de voir que parmy tant de vices
De qui les grandes courts sont fatales nourrices,
Parmy des voluptez qui de leur doux appas
Trompant les plus accorts les meinent au trespas,
Un roy tenant la bride à son pouvoir suprême,
D’un si severe soing ait veillé sur soy-mesme,
Qu’il ne se soit jamais permis un seul plaisir
Que la raison defende au genereux desir,
Ains que tousjours son ame ait la vertu suivie,
Et mené sur la terre une celeste vie.
Car il ne fut jamais de roy plus accomply,
Ny de qui le courage ait plus esté remply
Des augustes vertus qu’à bon droict on desire
En la main qui conduit les resnes d’un empire.
Et quand le ciel luy-mesme ouvrant tous ses thresors,
Et meslant tous les dons de l’esprit et du corps,
Voudroit mouler un prince à la race mortelle
Digne de gouverner la terre universelle :
Il n’en sçauroit donner aux souhaits des humains
Un plus digne de prendre en ses royales mains
Pour le commun salut le gouvernail du monde,
Durant une saison en orages feconde :
Tant l’astre qui preside aux naissances des rois,
Lors qu’il luy destina la tutelle des loix
Conjoignit en son cœur, d’un sort doux et propice,
A la crainte des dieux l’amour de la justice ;
Vertus qui font regner és empires mortels
La seureté publique, et l’honneur des autels :
Servent de fondement aux grandes republiques :
Donnent aux puissans rois des sceptres pacifiques :
Font que de leurs sujets ils sont crains et cheris :
Qu’ils marchent sans peril au milieu des perils :
Que la main tout-puissante épandant sur leur face
Une douce terreur qui les vices menace,