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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

Enfin, l’armée versaillaise étant entrée dans Paris, où elle extermine tout ce qu’elle rencontre de suspects, et la défaite de la Commune étant désormais certaine, Rimbaud obéit à un mot d’ordre de sauve-qui-peut parcourant sinistrement les rues, et quitte la caserne de Babylone. Après avoir jeté un regard sur ce carnaval de la tuerie et de l’incendie, en dépit de la présence de postes versaillais aux fortifications, il réussit à s’esquiver. Et c’est parmi des dangers de toutes sortes, se hérissant au cours des premières étapes, qu’il parvient à regagner pédestrement Charleville.

Dans la forêt de Villers-Cotterets, il crut, une fois, son être fuyard menacé d’un écrabouillement. C’était par une nuit de poix. Une chevauchée de Bavarois soûls et poussant d’affreux cris, dans un tumulte énorme chargeait sur la route et, à galop d’enfer, sur lui semblait foncer. Épouvanté, du fait surtout de son imagination excessive, il n’eut, entendit-il, que le temps de se jeter dans un fourré, où, sans oser respirer, se bouchant les oreilles, il se tint blotti longtemps, après même que le fantastique vacarme se fût éteint dans l’éloignement.


Il semble bien que le séjour dans Paris in-