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Rival, & il manqua à l’entrevûë qu’il avoit demandée avec tant d’empreſſement.

Fatime l’attendoit, & ſurpriſe de ſe trouver la premiere au rendez-vous, elle le fut beaucoup plus d’attendre inutilement Abenamar. Mille penſées entrerent dans ſon eſprit, la verité ſeule ne s’y preſenta pas, elle paſſa un jour plus cruel encore, s’il eſt poſſible, que celuy qu’elle avoit paſſée depuis peu, lorſque pour la premiere fois elle avoit crû devoir ſe plaindre de ſon Amant.

Le lendemain Abenamar ayant eu le loiſir de faire reflexion ſur la conduite qu’il venoit d’avoir, & jugeant, quand ſes premiers tranſports furent paſſez, que Fatime ſe ſentoit peu coupable, puis qu’elle meſme, ſans y eſtre contrainte, luy avoit envoyé les lettres de Mulei-Hamet, lui écrivit pour lui demander pardon, lui avoüa la verité, & la conjura d’excuſer