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ſon cabinet, & qu’ils attendoient l’un & l’autre.

Aprés avoir eſté quelque-temps ſans ſe parler, & même ſans oſer ſe regarder, leurs yeux ſe trouverent baignez de pleurs. Abenamar fit mille reproches à Fatime de ſon changement, qu’il avoüa ne pouvoir imiter, quelque ſoin qu’il prit de le faire croire en s’attachant à Zaïde. Fatime ne luy répondit que par des regards & par un torrent de larmes ; enfin elle luy fit la faveur de ſe plaindre de ſa negligence & de ſe juſtifier de l’attachement de Mulei-Hamet.

Un coup d’œil auroit ſuffi pour la faire trouver innocente ; leurs plaintes reciproques avoient ſi peu de fondement, qu’il ne leur fut pas difficile de ſe juſtifier, ni même d’y trouver des ſujets de joye.

La Reine ouvrit ſon cabinet trop toſt à leur grê, quoy qu’elle y eût demeuré long-temps. Abenamar pria Fatime de luy accorder le