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nouvelle Eſpagnole.

aſſez frequent & aſſez long, jamais ils n’avoient découvert l’un dans l’autre aucun défaut qui pût affoiblir leur paſſion.

Abenamar luy avoit donné parole de l’épouſer, mais ſon pere n’étant pas favorable à ſon inclination l’envoya en Eſpagne pour voir ſi l’abſence pourroit le guerir, Abenamar peu de temps aprés y eſtre arrivé, fut attaqué d’une fiévre tres-dangereuſe, où ſes chagrins avoient beaucoup de part.

Fatime par ſes larmes & par ſon deſeſpoir le payoit de ſes ſouffrances, & la bien-ſéance ne luy permettant pas de l’aller trouver, elle eſtoit tourmentée par tout ce que l’incertitude de la vie d’Abenamar avoit de plus affreux.

Quand il fut quelque peu ſoulagé, ſçachant l’intereſt que prenoient à ſa ſanté pluſieurs perſonnes qui luy étoient cheres, & ſur tout ſa maiſtreſſe, il fit écrire en ſon nom & ſigna de ſa main une