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II

On me reproche volontiers de me montrer trop injurieux envers les gens de Droite. Je pourrais répondre que ces brutalités sont systématiques, que j’attends d’elles un portefeuille dans le futur ministère d’Union Nationale, aux côtés — par exemple — de M. Doriot. Je ne connais pas M. Doriot. Je ne l’ai jamais entendu. Je sais seulement qu’il a parlé aux Ambassadeurs, avec un grand succès. Je sais aussi qu’au cours d’un bref passage à Paris, ne disposant que de peu d’heures, une très grande Dame française dont je préfère taire le nom s’écriait applaudissements de ses belles amies : aux « Allons voir M. Doriot ! M. Doriot d’abord, » et revenait enthousiasmée des bretelles légendaires de M. Doriot. « Quelle nature ! Il doit changer de flanelle après chaque discours. Il paraît qu’elle est à tordre, ma chère !… » Certes, je ne crois pas l’ancien chef des Jeunesses communistes capable de grandes émotions poétiques, mais enfin il doit éprouver, peut-être à son insu, quelque sentiment de cette espèce lorsque du haut de l’estrade il voit devant lui les visages