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de la France, mais on pourrait dire qu’il en a été le parrain. Elle eût d’ailleurs mérité un parrainage plus illustre. Une prière du IXe siècle appelle la céleste lumière sur les fils des Francs « afin que, voyant ce qu’il importerait de faire pour établir le royaume de Dieu en ce monde, ils aient le courage d’accomplir avec une générosité et une charité que rien ne lasse… » Évidemment l’auteur oublié de ces paroles admirables donnait au mot de Royaume de Dieu un autre sens que celui d’un paradis terrestre à la Jean-Jacques, d’une Cité harmonieuse où l’homme réconcilié avec l’Être Suprême, avec lui-même, avec ses frères, avec les bêtes innocentes, les arbres, les sources, travaillerait à l’avancement de la Philosophie, des Sciences Naturelles et des Arts, pour une humanité régénérée. Mais enfin, une civilisation de ce type peut être une image affaiblie, affadie, presque méconnaissable du Royaume de Dieu ; elle ne s’oppose pas à lui comme la société capita-