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trailles seulement, car le cœur était alors presque aussi lucide que l’esprit. La France qu’on aime, c’est toujours celle que nous dépeint dans ses Mémoires le jeune Ségur, la France des idées nouvelles, de ces idées qui ont tant servi aux hommes depuis deux siècles, tant passé et repassé de main en main et qu’on imagine toujours aussi brillantes, aussi pures, diamants, rubis, saphirs, à la couleur du drapeau. La France qu’on aime, c’est toujours la France révolutionnaire de La Fayette et de Rochambeau, qui est très exactement l’opposée de la France de 1920. La France de la guerre d’Amérique, toujours si profondément enracinée dans le peuple, tenant au peuple par toutes ses racines, mais dont les plus hautes branches ployaient et craquaient dans le vent. Un peuple beaucoup plus proche du peuple chrétien du XIIIe siècle par la solidité, la simplicité, la dignité de ses mœurs que ne le sera de lui, quelques années seulement plus tard, par exemple, le peuple de la Mo-