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Cette division des temps a pour objet d’empêcher les divergences rhythmiques qui pourraient aisément s’établir parmi les exécutants pendant l’intervalle qui sépare un temps de l’autre. Car le chef n’indiquant rien pendant cette durée devenue assez considérable par suite de l’extrême lenteur du mouvement, les exécutants sont alors entièrement livrés à eux-mêmes, sans chef, et comme le sentiment rhythmique n’est point le même chez tous, il s’en suit que les uns pressent pendant que les autres retardent et que l’ensemble est bientôt détruit. On ne pourrait faire exception à cette règle qu’en dirigeant un orchestre de premier ordre, composé de virtuoses qui se connaissent bien, ont l’habitude de jouer ensemble et possèdent à peu près par cœur l’œuvre qu’ils exécutent. Et encore, dans ces conditions, la distraction d’un seul musicien peut amener un accident. Pourquoi s’y exposer ? Je sais que certains artistes se trouvent blessés dans leur amour propre d’être ainsi tenus en lisières (comme des enfants, disent-ils), mais aux yeux d’un chef qui n’a en vue que l’excellence du résultat final, cette considération n’a pas de valeur. Même dans un quatuor il est rare que le sentiment individuel des exécutants soit entièrement libre de se donner carrière ; dans une symphonie c’est de celui du chef qu’il s’agit ; c’est dans l’art de le comprendre et de le reproduire avec ensemble que consiste la perfection de l’exécution, et les velléités individuelles, qui d’ailleurs ne peuvent s’accorder entre elles, ne sauraient être admises à se manifester.

Ceci compris, on devine que la subdivision est encore bien plus essentielle pour les mesures composées très lentes ; telles que celles à à à à etc.

Mais ces mesures où le rhythme ternaire joue un si grand rôle, peuvent être décomposées de plusieurs façons.

Si le mouvement est vif ou modéré, il ne faut guère indiquer que les temps simples de ces mesures d’après le procédé adopté pour les mesures simples analogues.

Les mesures à allegretto et à allegro seront donc battues comme celles à deux temps : = ou 2 = ou  ; on marquera la mesure à allegro comme celle à moderato, ou comme celle à andantino ; la mesure à moderato ou allegro, comme on marque la mesure à quatre temps simples. Mais si le mouvement est adagio et à plus forte raison Largo-assaï, andante maestoso, on devra, selon la forme de la mélodie ou du dessin prédominant, marquer soit toutes les croches, soit une noire suivie d’une croche pour chaque temps.


\language "italiano"
  \relative do'' {
  \clef treble
  \key do \major
  \time 9/8
  \override Rest.style = #'classical
  sol4^\markup{\italic \center-align {Larghetto grazioso.}} sol8( do4) do8( mi4) mi8(  re4) re8 la4.\<\( lab\>  sol4\)\! sol8( fa'4) fa8 fa[( mi re])  re4.( mi) r4 r8   \bar "||"
}
\header { tagline = ##f}
\paper {
  indent = 0
  line-width = #120
}
\layout {
  #(layout-set-staff-size 16)
}

Il n’est pas nécessaire, dans cette mesure à trois temps, de marquer toutes les croches ; le rhythme d’une noire suivie d’une croche dans chaque temps suffit.

On fera alors pour la subdivision le petit geste indiqué pour les mesures simples ; seulement cette subdivision partagera chaque temps en deux parties inégales, puisqu’il s’agit d’indiquer aux yeux la valeur de la noire et celle de la croche.

Si le mouvement est encore plus lent, il n’y a pas à hésiter, et l’on ne sera maître de l’ensemble de l’exécution qu’en marquant toutes les croches, quelle que soit la nature de la mesure composée.

EXEMPLES  

\language "italiano"
  \relative do'' {
  \clef treble
  \key do \major
  \time 6/8
  fa4.(\(^\markup{\italic \center-align {Adagio.}} fa4) la8\) | sol4\( mi8 fa4\) r8  \bar "||"
}
\header { tagline = ##f}
\paper {
  indent = 0
  line-width = #120
}
\layout {
  #(layout-set-staff-size 16)
}

\language "italiano"
  \relative do'' {
  \clef treble
  \key mi \major
  \time 9/8
  r8^\markup{\italic \center-align {Adagio sostenuto.}} r si8 si'4.(\( si8[) sold mi]\) | mi[\( red fad] la4\) r8  \bar "||"
}
\header { tagline = ##f}
\paper {
  indent = 0
  line-width = #120
}
\layout {
  #(layout-set-staff-size 16)
}

\language "italiano"
\relative do {
%  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \clef bass
  \key lab \major
  \time 12/8
  \override Rest.style = #'classical
  <<  {
        \voiceOne
        r4 r8 r4 r8 do4. do4 do8 | fa2. lab4. lab4 lab8 | sol4. sol4 s8 s4 r8 \bar "||"
      }
      \new Voice {
        \voiceTwo
        fa,4 fa8 fa fa4 fa fa8 fa fa4 | <lab fa>4 <lab fa>8 <lab fa> <lab fa>4 <lab fa> <lab fa>8 <lab fa> <lab fa>4 | do4 do do do     
      }
      \new Voice {
        \voiceThree
        s2 s s | s s s | \stemDown mi,4 mi8 mi mi4
      }
    >>
}
\header { tagline = ##f}
\paper {
  indent = 0
  line-width = #120
}
\layout {
  #(layout-set-staff-size 16)
}

Dans ces trois mesures, avec les mouvements indiqués, le chef d’orchestre marquera trois croches par temps, trois en bas et trois en haut pour la mesure à

Trois en bas, trois à droite et trois en haut, pour la mesure à

Trois en bas, trois à gauche, trois à droite et trois en haut, pour la mesure à