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BERKELEY

tica, Def. VIII, Schol.) ; car l’eau contenue dans le vase, au moment où elle est dite avoir le plus grand mouvement circulaire relatif, n’a, je pense, aucun mouvement. C’est ce qui est évident d’après le § précédent[1]

  1. Nous rapporterons ici le passage de Newton, sans lequel il serait impossible de comprendre celui de Berkeley :

    « Si pendeat situla a filo prælongo, agaturque perpetuo in orbem donec filum a contorsione admodum rigescat, dein impleatur aqua et una cum aqua quiescat ; tum vi aliqua subitanea agatur motu contrario in orbem, et filo se relaxante, diutius perseveret in hoc motu ; superficies aquæ sub initio plana erit, quemadmodum ante motum vasis : at postquam, vi in aquam paulatim impressa, effecit vas ut hæc quoque sensibiliter revolvi incipiat ; recedet ipsa paulatim a medio, ascendetque ad latera vasis, figuram concavam induens (ut ipse expertus sum), et incitatiore semper motu ascendet magis et magis, donec revolutiones in æqualibus cum vase temporibus peragendo, quiescat in eodem relative. Indicat hic ascensus conatum recedendi ab axe motus, et per talem conatum innotescit et mensuratur motus aquæ circularis verus et absolutus, motuique relativo hic omnino contrarius. Initio, ubi maximus erat aquæ motus relativus in vase, motus ille nullum excitabat conatum recedendi ab axe : aqua non petebat circumferentiam ascendendo ad latera vasis, sed plana manebat, et propterea motus illius circularis verus nondum inceperat. Postea vero ubi aquæ motus relativus decrevit, ascensus ejus ad latera vasis indicabat conatum recedendi ab axe ; atque hic conatus monstrabat motum illius circularem verum perpetuo crescentem, ac tandem maximum factum ubi aqua quiescebat in vase relative. Igitur conatus iste non pendet a translatione aquæ respectu corporum ambientium, et propterea motus circularis verus per tales translationes definiri nequit. Unicus est corporis cujusque revolventis motus vere circularis, conatui unico tanquam proprio adæquato effectui respondens : motus autem relativi pro variis relationibus ad externa innumeri sunt ; et relationum instar, effectibus veris omnino destituuntur, nisi quatenus verum illum et unicum motum participant. »

    Dans cette expérience très simple et facile à répéter, Newton considère le mouvement de l’eau, relatif aux corps qui environnent le vase tournant, comme le plus grand au moment où le fil commençant à se détordre, le vase entraînant l’eau tourne en effet le plus vite, tandis qu’après que la vitesse de rotation du vase est diminuée, l’eau a pris un mouvement vrai, dont l’action de la force centrifuge témoigne l’existence, et a perdu de son mouvement relatif, comme le vase dans lequel elle est contenue. Berkeley soutient que le mouvement de l’eau au début de l’expérience n’est pas un mouvement relatif mais un mouvement nul, attendu que, d’après lui, pour qu’un mouvement existe il faut qu’il puisse être perçu par les sens comme dû à l’application de la force qui cause le changement local. Le mouvement n’est pas à ses yeux le simple déplacement, mais la vitesse communiquée visiblement par une certaine action au corps même qui se meut.

    Dans ce litige, il nous semble que le seul reproche qu’on puisse adresser à Newton, et ce reproche est étranger aux questions mathématiques, cela va sans dire, c’est d’avoir adopté ce mot malheureux de mouvement vrai. En tant que déplacements, changements locaux, tous les mouvements sont relatifs, et tous sont également vrais. Lorsque les mouvements, pris en ce sens, se trouvent en outre être des mouve-