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sur les différents points a, b, c, de la rétine. En ce point P la science localise des vibrations d’une certaine amplitude et d’une certaine durée. En ce même point P la conscience perçoit de la lumière. Nous nous proposons de montrer, dans le courant de cette étude, qu’elles ont raison l’une et l’autre, et qu’il n’y a pas de différence essentielle entre cette lumière et ces mouvements, pourvu qu’on rende au mouvement l’unité, l’indivisibilité et l’hétérogénéité qualitative qu’une mécanique abstraite lui refuse, pourvu aussi qu’on voie dans les quali­tés sensibles autant de contractions opérées par notre mémoire : science et conscience coïncideraient dans l’instantané. Bornons-nous provisoirement à dire, sans trop approfondir ici le sens des mots, que le point P envoie à la rétine des ébranlements lumineux. Que va-t-il se passer ? Si l’image visuelle du point P n’était pas donnée, il y aurait lieu de chercher comment elle se forme, et l’on se trouverait bien vite en présence d’un problème insoluble. Mais de quelque manière qu’on s’y prenne, on ne peut s’empêcher de la poser d’abord : l’unique question est donc de savoir pourquoi et comment cette image est choisie pour faire partie de ma perception, alors qu’une infinité d’autres images en demeurent exclues. Or, je vois que les ébranlements trans­mis du point P aux divers corpuscules rétiniens sont conduits aux centres optiques sous-corticaux et corticaux, souvent aussi à d’autres centres, et que ces centres tantôt les transmettent à des mécanismes moteurs, tantôt les arrêtent provisoirement. Les éléments nerveux intéressés sont donc bien ce qui donne à l’ébranlement reçu son efficacité ; ils symbolisent l’indétermination du vouloir ; de leur intégrité dépend cette indétermination ; et, par suite, toute lésion de ces élé