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dans l’hypothèse d’Einstein. Jetant alors un coup d’œil rétrospectif sur le premier point de vue, on reconnaîtra qu’il fallait s’y placer d’abord, on jugera naturelle la tentation d’y revenir lors même qu’on a adopté le second ; maison verra aussi comment les faux problèmes surgissent du seul fait que des images sont empruntées à l’un pour soutenir les abstractions correspondant à l’autre.

Nous avons imaginé un système en repos dans l’éther immobile, et un système en mouvement par rapport à . Or, l’éther n’a jamais été perçu ; il a été introduit en physique pour servir de support à des calculs. Au contraire, le mouvement d’un système par rapport à un système est pour nous un fait d’observation. On doit considérer aussi comme un fait, jusqu’à nouvel ordre, la constance de la vitesse de la lumière pour un système qui change de vitesse comme on voudra, et dont la vitesse peut descendre par conséquent jusqu’à zéro. Reprenons alors les trois affirmations d’où nous sommes partis : 1° se déplace par rapport à  ; 2° la lumière a la même vitesse pour l’un et pour l’autre ; 3° stationne dans un éther immobile. Il est clair que deux d’entre elles énoncent des faits, et la troisième une hypothèse. Rejetons l’hypothèse : nous n’avons plus que les deux faits. Mais alors le premier ne se formulera plus de la même manière. Nous annoncions que se déplace