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DILATATION DU TEMPS.

temps , il eût aperçu l’erreur que l’on commet, à l’intérieur du système mobile, dans l’appréciation de la simultanéité. Il l’eût prise sur le vif en assistant au réglage des horloges. Considérons en effet, sur la ligne indéfiniment prolongée de ce système, un grand nombre d’horloges , , ... etc., séparées les unes des autres par des intervalles égaux . Quand coïncidait avec et se trouvait par conséquent immobile dans l’éther, les signaux optiques qui allaient et venaient entre deux horloges consécutives faisaient des trajets égaux dans les deux sens. Si toutes les horloges ainsi accordées entre elles marquaient la même heure, c’était bien au même instant. Maintenant que s’est détaché de par l’effet du dédoublement, le personnage intérieur à , qui ne se sait pas en mouvement, laisse ses horloges , , ... etc. comme elles étaient ; il croit à des simultanéités réelles quand les aiguilles indiquent le même chiffre du cadran. D’ailleurs, s’il a un doute, il procède de nouveau au réglage : il trouve simplement la confirmation de ce qu’il avait observé dans l’immobilité. Mais le spectateur immobile, qui voit comment le signal optique fait maintenant plus de chemin pour aller de à , de à , etc. que pour revenir de à , de à , etc. s’aperçoit que, pour qu’il y eût simultanéité réelle quand les horloges marquent la même heure, il faudrait que le zéro de l’horloge fût reculé de