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Relativité, puisque ce ralentissement ne peut jamais être posé que comme une conséquence des formules de Lorentz[1]. Donc, c’est pour l’observateur extérieur au champ, reconstituant par la pensée la position de l’aiguille sur le cadran mais ne la voyant pas, que la marche de l’horloge est modifiée dans le champ de gravitation. Au contraire le Temps réel, marqué par l’horloge réelle, vécu ou capable de l’être, reste un Temps à rythme constant : seul est modifié dans son rythme un Temps fictif, qui ne pourrait être vécu par rien ni par personne.

Prenons un cas simple, choisi par Einstein lui-même[2], celui d’un champ de gravitation produit par la rotation d’un disque. Dans un plan adopté comme système de référence, et par là même immobilisé, nous considérerons un point immobile. Sur ce plan nous poserons un disque absolument plat dont nous ferons coïncider le centre avec le point , et nous ferons tourner le disque autour d’un axe fixe perpendiculaire au plan en ce point. Nous aurons ainsi un véritable champ de gravitation, en ce sens qu’un observateur placé sur le disque constatera tous les effets d’une force le

  1. Et puisqu’il tient uniquement, comme nous l’avons montré (pages 171 et suiv.), à l’allongement de la « ligne de lumière » pour le personnage, extérieur au système, qui se représente la « figure de lumière » déformée par l’effet du mouvement.
  2. Einstein, La théorie de la Relativité restreinte et généralisée, (trad. Rouvière), p. 68-70. Cf. Jean Becquerel, op. cit., p. 134-136.