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Déjà fantasmatique est cet observateur. Doublement fantasmatique sera alors la notation faite par lui de ce qui se passe en  ; ce sera une représentation attribuée à un observateur qui n’est lui-même qu’une représentation. Lors donc qu’on déclare, dans le texte ci-dessus, qu’il y a dissymétrie entre et , il est clair que cette dissymétrie ne concerne pas les mesures réellement prises en ni les mesures réellement prises en , mais celles qui, du point de vue de , sont attribuées à l’observateur en et celles qui, du point de vue de encore, sont censées être attribuées à l’observateur en par l’observateur en . Mais alors, entre réel et réel, quel est le véritable rapport ?

Pour le savoir, nous n’avons qu’à placer notre observateur réel, tour à tour, en et . Nos deux systèmes vont ainsi devenir successivement réels, mais aussi, successivement, immobiles. C’est d’ailleurs le parti que nous aurions pu prendre tout de suite, sans passer par un si long détour, en suivant à la lettre le texte cité et en considérant seulement le cas particulier où le système , qu’on nous dit en translation uniforme, est animé d’une vitesse constante égale à zéro. Voilà donc notre observateur réel en , cette fois immobile. Il est clair que cet observateur en trouvera qu’il n’y a pas réciprocité entre son propre système, immobile, et le système qui le quitte pour venir ensuite le rejoindre. Mais, si nous le plaçons maintenant