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DILATATION DU TEMPS.

l’expérience Michelson-Morley donne les mêmes résultats que si la lumière avait une vitesse constante et égale à dans toutes les directions.

Mais il faudrait savoir aussi pourquoi nous-mêmes, à notre tour, mesurant la vitesse de la lumière par des expériences terrestres telles que celles de Fizeau ou de Foucault, nous trouvons toujours le même nombre , quelle que soit la vitesse de la Terre par rapport à l’éther[1]. L’observateur immobile dans l’éther va l’expliquer ainsi. Dans les expériences de ce genre, le rayon de lumière fait toujours le double trajet d’aller et de retour entre le point et un autre point, A ou B, de la Terre, comme dans l’expérience Michelson-Morley. Aux yeux de l’observateur qui participe au mouvement de la Terre, la longueur de ce double trajet est donc . Or, nous disons qu’il trouve invariablement à la lumière la même vitesse . C’est donc qu’invariablement l’horloge consultée par l’expérimentateur au point O indique qu’un même intervalle , égal à , s’est écoulé entre le départ et le retour du rayon. Mais

  1. Il importe en effet de remarquer (on a souvent omis de le faire) que ce n’est pas assez de la contraction de Lorentz pour établir, du point de vue de l’éther, la théorie complète de l’expérience Michelson-Morley faite sur la Terre. Il faut y joindre l’allongement du Temps et le déplacement des simultanéités, tout ce que nous allons retrouver, après transposition, dans la théorie d’Einstein. Le point a été bien mis en lumière dans un intéressant article de C. D. Broad, Euclid, Newton and Einstein (Hibbert Journal, avril 1920).