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bouche… C’est cela… Sentez-vous du mal quand je la touche ?… Oui ?… tant mieux !… Il le faut. Mais vous venez à temps !… Près de votre dent creuse il est deux autres dents que la contagion de la carie attaque. Votre palais demain ne serait qu’un cloaque… ! Veuillez fermer les yeux et ne plus les rouvrir… Monsieur, voici la dent qui vous faisait souffrir. »

Pas un mot de changé ni même d’interverti, dans cette version, la bonne, du couplet, où les rimes sont réduites typographiquement au rôle qu’elles jouent dans la prosodie de l’École du bon sens. Le vers français ainsi compris est à l’usage de tous les dauphins, même de ceux qui, selon Pline, rapportent les enfants à leurs mères sur les rivages. Il ne donnera pas de malfilâtres aux hôpitaux, et, comme jeu de société, il est plus inoffensif que la main chaude, plus facile que les bouts rimés et presque aussi bête que les fables.

Il répond si bien à l’idée pédagogique, voire universitaire, que nous avons du lyrisme, qu’à la réception académique du maître de Vienne et du passage Vivienne, personne ne s’aperçut que son discours était versifié et qu’il aura fallu que je vienne (pour : je vinsse) pour signaler cette curiosité à la critique de mon temps. Voici le début de ce laïus incompris, même des Quarante, notre élite :

« Au doux moment, messieurs, d’entrer dans votre sein, j’ai conçu le projet, que dis-je, le dessein de m’étonner, étant l’un des vôtres, d’en être. Je ne l’ai mérité que par mon nom peut-être et si le Pont des Arts est fait pour les ponsards. Une queue à mon P, vous avez : les Ronsards. Vous la restituez à ma patronymie et vous me la tirez jusqu’à l’Académie.