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bonimentaires. Confesseur des péchés dont on fait des nouvelles, on le tient, par échange, au courant des choses de coulisses, des ruptures de collages, des engueulades et des torgnoles de roulotte ; il en est le « mieux informé ». Malheur à la pauvre bougresse qui, comédienne, prétend garder pour elle son honneur libre de femme ou de mère, et ferme le judas de sa vie privée. Et malheur aussi à l’écrivain « poseur », dont on ne connaît pas la tête, qui ne collabore pas, n’envoie pas de cartes et ne rend pas hommage à l’omnipotente stupidité de ce Tallemant de tous les Réaux, le soireux.

Je viens d’écoper pour mon lot : les soiristes m’ont eu dans l’Odéon. M’ont-ils bien eu, du moins, tout entier et à eux seuls ? Il me semble qu’ils en ont laissé aux lendemaintistes et qu’il en est encore resté pour les lundistes…

Et je continuais de la sorte, en demandant à Littré si l’origine du mot, d’ailleurs bien fait, de : vitupération ne serait pas dans le nom fameux de : Vitu Père ? C’était encore un néologisme, justifié par la férocité de la critique d’un confrère, fort lettré celui-là, et qui depuis cette époque, fut bénévole à mes essais.

Encore une fois, je n’écrirais plus aujourd’hui sans la plus criante injustice, et même sans ridicule, cet abatage du soirisme dont l’intérêt est tout rétrospectif et historiographique et ne vaut que par le mot qu’il a laissé à l’argot parisien. Le métier de courriériste théâtral s’est rehaussé de lui-même de tout le mérite individuel de ceux qui l’exercent ; ils ne demandent plus la tête dont le nez leur déplaît avant qu’il ne se mouche ; ils respectent l’effort et l’illusion