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— Alors, nous répétons demain. Et se tournant vers Porel qui, intrépide et ferme en ses desseins, secouait fatidiquement la tête : — Je vous l’avais bien dit qu’il était homme de théâtre ! — Puis, tel saint Remy oignit le fier Sicambre, il étendit sur moi ses mains baptismales. — À propos, reprit-il, et pendant que je vous tiens, le rôle pour lequel j’ai engagé Dumaine ?

— Il y sera admirable.

— Oui, mais il ne le joue plus. Nous aurons donc à le remanier, puisqu’il était fait pour lui. Mais ne vous inquiétez de rien. Je vous ménage une surprise. Connaissez-vous Adolphe Dupuis ? Allez le voir. Il hésite. Décidez-le. Il veut s’essayer dans le répertoire.

— Eh bien ?

— Mais Le Nom en sera, du répertoire. Il en est déjà. Vous serez un jour classique, cher ami. Souvenez-vous, que c’est moi qui vous l’aurai prédit le premier. Mais, par exemple, vous avez failli tout gâter par votre acharnement à vous refuser à tout amendement de votre ouvrage. Vous avez un caractère atroce. Sans Porel, qui vous défend encore, je ne sais pas pourquoi du reste, il y a belle lurette que je vous aurais rendu votre sale pièce qui m’a donné un tintouin immense. Je le disais à Sarcey lui-même, là où vous êtes, il y a des choses assez bonnes, bonnes même, dans ces cinq actes ; mais lui, c’est un hérisson, on ne sait par où le prendre. Ah ! l’animal !

— Mariés, dis-je pour toute réponse.