Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

meute qu’il voyait, c’était celle de ses torts envers la comtesse, et les fanfares qu’il entendait sonner étaient celles des reproches qu’il adressait à son égoïsme. Pendant ces réflexions la romance accentuait son mélancolique refrain. L’attendrissement gagnait le cœur du chevalier. Il se sentait environné des regards de tous ces braves aïeux de la comtesse, un peu rodomonts, mais si bons enfants dans leurs cottes de mailles, leurs cuissards et leurs casaques rébarbatifs. « Feras-tu, semblaient-ils lui dire, cet affront à la noble race des Vilanel ? » Et puis par les fenêtres ouvertes le printemps lui envoyait de si bonnes bouffées de renouveau. Petit à petit, la vieille romance se fit plus tendre, puis elle s’éteignit dans un soupir. Le chevalier était aux pieds de la comtesse.

En cet instant trois heures sonnèrent. L’un des battants de la fenêtre la plus voisine heurta le mur violemment et renversa une chaise avec fracas. Un corps noir, boueux, hérissé, s’était élancé avec un joyeux jappement. C’était Turc qui, à l’heure dite, venait chercher son ami.

— L’horrible bête ! chien stupide ! s’écria la comtesse épouvantée.

Le chevalier pâlit et, sans en écouter davantage, il se releva, prit son chapeau et sa canne