Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/142

Cette page n’a pas encore été corrigée

tière. Je ne reconquis mon assurance qu’au regard calme, lumineux de paix intérieure, plein d’amour éternel, celui-là, de l’homme qui berçait mon âme dans la sienne…. C’est de mon mari que je vous parle.

« Le premier mois, puis le deuxième et le troisième encore, le poète fit bonne contenance. Non seulement le sonnet restait enseveli dans son « mystère » et scellé dans son « secret », mais quand on le pressait, son tour venu, de dire de ses vers à nos réunions d’artistes, il s’en excusait de toutes manières. Il n’était qu’un vaudevilliste… Il avait renoncé à rimer… Il avait brûlé tous ses essais… C’était l’affaire d’Alfred de chanter les Andalouses, et celle d’Hippolyte d’attacher des ailes aux poèmes… Quant à lui, il se tenait coi pour toujours et pour cause….

« En ce temps d’effervescence littéraire ou la course au laurier était à peu près universelle, un tel renoncement laissait peu de crédules, surtout parmi ceux qui savaient pertinemment que « les grelots de Momus » n’étourdissaient pas en Arvers le chagrin d’être rejeté dans le métier de Scribe. Je me rappelle qu’un soir, sur l’insistance un peu railleuse de M. de Musset, il le menaça d’un coup d’épée.

« — C’est très bien, releva ce dernier. Mais