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votre peuple ou de périr et d’être saisi par les griffes de l’ennemi. Je ferai des actions d’éclat ou mes jours trouveront leur issue dans cette salle de festin. »

Ces paroles orgueilleuses du Goth plurent à la reine, qui alla prendre place auprès de son époux. Les conversations animées recommencèrent dans la salle jusqu’au moment où le fils de Healfdene se leva subitement pour aller prendre du repos ; il savait que le combat contre le monstre était résolu…6 Pendant qu’ils purent voir la lumière du soleil jusqu’à ce que la nuit obscure se fut faite dans le ciel. — Tout le monde se leva. Hrothgar salua alors Beowulf ; il lui délégua le pouvoir sur la salle et lui adressa ces paroles :

« Jamais depuis que j’ai pu lever la main et le bouclier je n’ai confié à un homme la salle des Danois, si ce n’est à toi. Garde maintenant le plus beau des édifices ; montre-toi soucieux de la gloire ; fais des preuves de bravoure ; veille sur l’ennemi ! Tu ne manqueras pas de trésors si tu échappes la vie sauve à cette action ! »

XI

Hrothgar quitta ensuite la salle avec sa compagnie de guerriers ; il alla trouver Wealhtheow pour partager sa couche1. Dieu avait posté un gardien pour surveiller Grendel : Beowulf, plein de confiance en Dieu et dans sa force, retira sa cotte de mailles et son casque ; il donna son épée à son serviteur et dit à celui-ci de garder son équipement ; puis, avant de se coucher, il prononça quelques paroles de défi :

« Je n’ai pas une plus mauvaise idée de ma force guerrière que Grendel n’a de la sienne, c’est pourquoi je ne le tuerai pas avec mon épée bien que j’en aie la puissance. Quoique redoutable dans les combats il ne saurait se battre avec des armes courtoises2 ; c’est pourquoi nous ne nous servirons ni l’un ni l’autre de l’épée s’il ose venir