Page:Bentham - Déontologie, ou science de la morale, tome 1.djvu/102

Cette page n’a pas encore été corrigée

86 DÉONTOLOGIE.

des souffrances, et d’en désapprouver d’autres précisément parce qu’elles produisaient du bonheur. Peut être mélaient-ils à dessein, à leurs théorie, une certaine dose de mystère et de difficultés. Il leur répugnait de faire entrer dans les attributs du dieu qu’ils adoraient ce que, dans les hommes, ils ne pouvaient s’empécher d’appeler justice et sagesse, prudence et bienveillance ; car il est naturel que le mystère se détecte dans les régions imaginaires. C’est pourquoi ils tracèrent et imaginèrent d’autres principes de conduite pour la divinité ; ils s’amusèrent à déployer leur autorité et à exercer leur sagacité à concilier l’inconciliable et à prouver l’impossible. Ils introduisirent des impostures qu’ils appelèrent plaisirs, tandis que les vrais plaisirs prenaient leur vol, et fuyaient à tire-d’aile loin de ces fronts austères et chagrins.

Le principe ascétique n’est donc que la fausse application du principe qui prend pour base la maximisation du bonheur ; et on se convaincra que toute autre base donnée à la morale n’est que du despotisme et de l’ëgoïsme.

Le sens moral de lord Shaftesbury, équivaut simplement à cette déclaration, que l’opinion, le sens moral de celui qui agit, est la véritable règle de son action. Affirmer l’existence de ce