Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/294

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle-même avait-elle pu voir de quelle manière décidée et haineuse le prêtre apostat s’était refusé à souffrir qu’un autre prêtre fût mandé près de lui, pour l’aider à faire sa paix avant de mourir. Et, pour la naïve ferveur de la garde-malade, une telle situation avait quelque chose d’absolument effrayant.

Mais, arec tout cela, que faire de plus ?… La pauvre femme récitait à mi-voix son chapelet.

L’atmosphère de la petite chambre, ce dimanche matin, offrait une combinaison curieuse de silence et de bruit. Les rumeurs du dehors ne pénétraient dans la pièce qu’avec une sorte de sourdine, qui les faisait paraître infiniment lointaines. Seuls, les sons des cloches, dont la religieuse avait parlé tout à l’heure au médecin, faisaient l’effet d’apporter dans l’air de la chambre un élément étranger.

La sœur finit par s’assoupir un peu sur son chapelet. (Elle avait été de garde toute la nuit, et n’allait être remplacée qu’à midi.) Elle sommeillait, au fond de ion fauteuil, et vaguement ces sons de cloches suggéraient en elle un groupe d’images homogènes, quelque chose comme l’entrée solennelle d’un roi, — lui semblait-il, — dans une cité fantastique. Il y eut même un instant où elle crut vraiment voir surgir devant ses yeux la cité tout entière, une étrange cité aérienne, baignée de soleil.

— Priez pour nous, pauvres pécheurs, murmura-t-elle soudain, en s’éveillant de son rêve, maintenant et à l’heure de notre mort !