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TRAGEDIE.

Briseide.

Vous m’accusez à tort. Hé bien je le veux croire
Que toujours ſur voſtre ame un meſme amour agit,
« Mais on peut accuſer l’innocent qui rougit. »
Briſeide en beauté le cede à Polixene,
Souffrez, ſouffrez pour elle une amoureuſe peine,
Preferez ſes attraits à ma fidelité,
Mais aimez voſtre honneur autant que ſa beauté.
Je ne demande pas (beau, mais cruel Achille)
Que vous n’aymiez que moy, je ſerois incivile,
Ny que vous vous teniez à mes foibles appas,
Ny que vous me gardiez ce que vous n’avez pas,
Je ne veux point forcer voſtre humeur deſloyale,
Non, non, mais ſeulement cognoiſſez ma rivalle,
Songez que de vos faicts elle a ſouvent gemy,
« Et qu’il eſt dangereux d’aymer ſon ennemy. »

Achille en le baiſant.

Ne croy point, mon ſoucy, que je change de flame,
Et qu’un objet nouveau te chaſſe de mon ame.

Briseide.

Perfide, ces doux mots ne ſont plus de ſaiſon,
À quoy ſert le baiſer après la trahiſon ?
Éclatez mes douleurs, puis que je ſuis ſortie
Des bornes du reſpect, & de la modeſtie.