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La Cleopatre

1845Je n’oſe voir ſes yeux de tenebres couverts,
Ils peuvent plus fermez qu’ils ne firent ouverts,
Je ne voy plus ces lys meſ‍lez avec des roſes,
Ha que Rome à ma ſuite eut veu de belles choſes !
D’un double mouvement je me ſens combatu,
1850Dois-je plaindre ſa perte, ou loüer ſa vertu ?
La mort de Cleopatre eſ‍t genereuſe, & belle.
Je la plains pour moy ſeul, je l’eſ‍time pour elle,
Qui pourroit détourner le cours de ces malheurs,
Et qui ſe garderoit d’un aſ‍pic ſous des fleurs ?

Appercevant l’aſ‍pic.

1855Mais, ne regrettons plus un malheur ſans remede,
Ne montrons point au ſort que mon pouvoir luy cede,
Inhumons ce beau corps, palle, immobile, froid,
Et rendons des honneurs à qui m’en préparoit.


Fin.