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caractères tifinar. Mais cette particularité ne diminue pas l’intérêt de la chose : elle l’accroît.

— À votre avis, quel est le sens de ce mot ?

— Antinéa ne peut être qu’un nom propre, — dit Morhange. — À qui s’applique-t-il ? J’avoue l’ignorer, et si, à l’heure actuelle, je marche vers le Sud en vous y entraînant, c’est que je compte sur un supplément d’informations. Son étymologie ? Il n’y en pas une, il y en a trente possibles. Songez bien que l’alphabet tifinar est loin de cadrer avec l’alphabet grec, ce qui multiplie les hypothèses. Voulez-vous que je vous en soumette quelques unes ?

— J’allais vous en prier.

— Eh bien, il y a d’abord ἀντί et ναῦς, la femme qui est placée en face du vaisseau, explication qui eût bien plu à Gaffarel et à mon vénéré maître Berlioux. Ceci s’appliquerait assez aux figures sculptées à l’avant des navires. Il y a un nom technique que je ne retrouverais pas en ce moment, même si l’on me donnait cent cinquante coups de bâton[1].

« Il y a ensuite ἀντινῆα, qu’il faudrait rattacher à ἀντί et ναός, celle qui se tient devant le ναός, le ναός du temple, celle qui est en face du sanctuaire, la prêtresse par conséquent. Interprétation qui charmerait de tout point Girard et Renan.

  1. Il est peut-être bon de rappeler ici que les Figures de Proues sont précisément le titre d’un très remarquable recueil poétique, de Mme Delarue-Mardrus. (Note de M. Leroux.)