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ce n’est point de peur que je tressaille. Je sens lutter en moi l’horreur sacrée du mystère et son attrait.

Fumées, peut-être. Imaginations d’un cerveau surchauffé et d’un œil affolé par les mirages. Un jour viendra sans doute où je relirai ces pages avec un sourire de pitié gênée, le sourire de l’homme de cinquante ans qui relit de vieilles lettres.

Fumées. Imaginations. Mais ces fumées, ces imaginations me sont chères. « Le capitaine de Saint-Avit et le lieutenant Ferrières, dit la dépêche ministérielle, s’appliqueront à dégager, au Tassili, les relations statigraphiques des grès albiens et des calcaires carbonifériens… Ils en profiteront pour se renseigner, éventuellement, sur les modifications d’attitude des Azdjer vis-à-vis de notre influence, etc. ». Si ce voyage devait, à la fin, n’avoir trait qu’à d’aussi pauvres choses, je sens que je ne partirais pas…

Donc, je souhaite ce que je redoute. Je serai déçu si je ne me trouve pas face à face avec ce qui me fait étrangement frémir.

Au fond de la vallée de l’Oued Mia, un chacal aboie. Par intervalles, quand un rayon de lune, crevant d’argent les nuages gonflés de chaleur, lui fait croire au jeune soleil, une tourterelle roucoule dans les palmeraies.

Un pas au dehors. Je me penche à la fenêtre. Une ombre vêtue d’étoffes noires et luisantes glisse sur le pisé de la terrasse du fortin. Un éclair