Page:Benoit L Atlantide.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rateur, j’agis de mon mieux pour retarder votre départ, afin de me joindre à vous. J’espère que vous avez cessé de m’en vouloir.


La lumière fuyait vers l’ouest, où le soleil était tombé dans un luxe inouï de draperies violettes. Nous étions seuls dans cette immensité, au pied des rocs noirs et rigides. Rien que nous. Rien, rien que nous.

Je tendis à Morhange une main qu’il serra. Puis il dit :

— S’ils me paraissent infiniment longs, les quelques milliers de kilomètres qui me séparent de l’instant où, ma tâche accomplie, je pourrai enfin trouver au cloître l’oubli des choses pour lesquelles je n’étais pas fait, permettez-moi de vous dire ceci : ils me semblent à cette heure, infiniment courts, les quelque cent kilomètres qui me restent, avant d’atteindre Shikh-Salah, à parcourir en votre compagnie…


Sur l’eau pâle de la petite source, immobile et fixe comme un clou d’argent, une étoile venait de naître.

— Shikh-Salah, — murmurai-je, le cœur plein d’une indéfinissable tristesse, patience ! Nous n’y sommes pas encore.


Effectivement, nous ne devions jamais y parvenir.