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Je fus plus que désappointé. J’avais eu seul l’idée de cette excursion. J’avais eu toutes les difficultés que tu penses pour en faire agréer en haut lieu le principe. Et voilà qu’au moment où je me faisais une fête de ces longues heures à passer tête à tête avec moi seul, en plein désert, on m’adjoignait un inconnu, et qui plus était, un supérieur !

Les condoléances de mes camarades décuplèrent ma mauvaise humeur.

L’Annuaire, immédiatement consulté, leur avait donné les renseignements suivants :


« Morhange (Jean-Marie-François), promotion de 1881. Breveté. Capitaine hors cadres (Service géographique de l’Armée) ».


— Voilà l’explication, — dit l’un. — C’est un pistonné que l’on t’envoie pour tirer les marrons du feu, dans une chose où tu auras eu tout le mal. Breveté ! La belle affaire. Les théories d’Ardant du Picq ou rien, par ici, c’est kif-kif.

— Je ne suis pas tout à fait de votre avis, — opina notre commandant. Ils ont su, au Parlement — il y a, hélas ! toujours des indiscrétions — le but véritable de la mission de Saint-Avit : leur forcer la main pour l’occupation du Touat. Et ce Morhange doit être un homme à la dévotion de la Commission de l’Armée. Tous ces gens-là, voyez-vous, ministres, parlementaires, gouverneurs, se surveillent entre eux. Il y aura un jour à écrire une jolie histoire paradoxale de l’expan-