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ter afin d’être dans la tradition naturaliste, de quelle étoffe furent faites mes premières culottes, ou, comme le veulent les néo-catholiques, si, enfant, je me confessais souvent, et le plaisir que j’y prenais. Je n’ai aucun goût pour les exhibitions inutiles. Tu trouveras donc bon que ce récit commence strictement à l’époque où j’ai connu Morhange.

Et d’abord, je te dirai que, malgré ce qu’il a pu en coûter à ma tranquillité et à ma réputation, je ne regrette pas de l’avoir connu. En somme, indépendamment de toute question de mauvaise camaraderie, j’ai fait preuve d’une assez noire ingratitude en l’assassinant. C’est à lui, c’est à sa science des inscriptions rupestres, que je dois la seule chose par laquelle ma vie aura été plus intéressante que les misérables petites vies traînées par mes contemporains, à Auxonne ou ailleurs.

Ceci posé, voici les faits :

C’est au bureau arabe d’Ouargla, où j’étais lieutenant, que j’ai, pour la première fois, entendu prononcer ce nom, Morhange. Et je dois ajouter que ce fut pour moi le sujet d’un joli accès de mauvaise humeur. On était à une époque plutôt mouvementée. L’hostilité du sultan du Maroc était latente. Au Touat, où s’étaient déjà ourdis les assassinats de Flatters et de Frescaly, cette majesté prêtait la main aux manigances de nos ennemis. C’était, ce Touat, le grand centre des complots, des razzias, des défections, en même