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— Et puis, quoi ? Tu n’ignores pas, je pense, ce que tous les journaux ont raconté, comment je fus retrouvé, mourant de faim et de soif, par une harka aux ordres du capitaine Aymard, dans le pays des Aouelimiden, et amené à Tombouctou. Un mois durant, j’eus le délire. Ce que j’ai pu raconter, au cours de mes crises de fièvre chaude, je ne l’ai jamais su. Les officiers du cercle de Tombouctou, tu le comprends, ne se sont pas chargés de me le répéter. Quand je leur fis le récit de mes aventures, tel qu’il figure au rapport de la mission Morhange-Saint-Avit, je n’eus cependant pas de peine à comprendre, à la froideur polie avec laquelle ils écoutèrent mes explications, que la version officielle que je leur donnais devait différer sur certains points des détails qui m’étaient échappés dans mon délire.

On n’insista pas. Il resta acquis que le capitaine Morhange, ayant succombé à une insolation, avait été enterré par mes soins sur la berge de l’oued Tarhit, à trois étapes de Timissao. Tout le monde sentait bien les trous qu’il y avait dans mon récit. On devinait sans doute quelque drame mystérieux. Mais pour des preuves, c’était autre chose. Devant l’impossibilité de les réunir, on préféra étouffer ce qui n’aurait été qu’un inutile scandale. Mais tous ces détails, tu les connais d’ailleurs aussi bien que moi.

— Et… elle ? interrogeai-je timidement.

Il eut un sourire de triomphe. Triomphe de