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non plus Gâo asservi et réduit au rang d’une infime bourgade nègre ; mais le Gâo splendide d’autrefois, la grande capitale du pays des noirs, Gâo régénéré, avec la mosquée à sept tours et aux quatorze coupoles de turquoise, avec les maisons aux frais patios, les jets d’eau, les jardins irrigués, tout emplis de grandes fleurs rouges et blanches… Alors, ce sera pour toi l’heure de la délivrance et de la royauté. »

Tanit-Zerga était maintenant droite. Sur nos têtes, autour de nous, partout, le soleil crépitait sur la hamada, la brûlait à blanc.

L’enfant tendit soudain le bras. Elle poussa un cri terrible.

— Gâo. Voilà Gâo.

Je regardai.

— Gâo, — répétait-elle. — Ah ! je le savais bien. Voilà les arbres et les fontaines, les coupoles et les tours, les palmiers, et les grandes fleurs rouges et blanches. Gâo !…

À l’horizon en flammes, une ville fantastique montait, en effet, étageait ses prodigieux édifices d’arc-en-ciel. Devant nos yeux agrandis, l’atroce mirage multipliait son abominable fièvre.

— Gâo, — criai-je, — Gâo.

Et, presque aussitôt, je poussai un autre cri, de douleur et d’horreur, celui-là. La petite main de Tanit-Zerga, je la sentis mollir dans la mienne. J’eus tout juste le temps de recevoir dans mes bras l’enfant, et de l’entendre me murmurer, comme dans un souffle :