Page:Benoit L Atlantide.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.

précurseur de l’aube, ne vous est d’aucun soulagement, au contraire. À chaque faux pas, on se répète : le prochain sera le dernier.

Voilà ce que ressentent, ce que disent les gens qui savent pourtant que dans quelques heures les attend une bonne halte, avec à boire, à manger…

Je souffrais abominablement. Tous les heurts se répercutaient dans ma pauvre épaule. À un moment, j’eus envie de m’arrêter, de m’asseoir. J’aperçus alors Tanit-Zerga. Les yeux presque clos, elle avançait. Il y avait sur son visage un indicible mélange de souffrance et de volonté. Je fermai moi-même les yeux, et continuai.

Telle fut la première étape. Au petit jour, nous nous arrêtâmes dans un creux de rocher. Bientôt la chaleur nous obligea à nous relever pour en trouver un autre plus profond. Tanit-Zerga ne mangea pas. Elle avala en revanche d’un trait sa demi-boîte d’eau. Elle resta assoupie tout le jour. Galé tournait autour de notre rocher en poussant de petits cris plaintifs.

Je ne parle pas de la seconde étape. Elle passa en horreur tout ce que l’on peut imaginer. Je souffris ce qu’il est humainement possible de souffrir dans le désert. Mais déjà je m’apercevais avec une infinie pitié que ma force d’homme commençait à prendre le dessus sur les nerfs de ma petite compagne. La pauvre enfant allait, sans un mot, son haïk, dont elle mâchonnait un coin, rabattu sur la face. Galé suivait.

Le puits vers lequel nous nous traînions était