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— Le chameau, — murmura-t-elle, — le chameau !

Je regardai, et un mortel frisson me traversa.

Étendu tout de son long de l’autre côté de la roche, ses flancs pâles secoués par de brusques convulsions, El-Mellen était en train d’agoniser.

Sur la fièvre avec laquelle nous nous empressâmes auprès de cette bête, il n’est guère besoin d’insister. De quoi mourait El-Mellen, je ne le savais pas. Je ne l’ai jamais su. Tous les méhara sont ainsi. Ce sont à la fois les bêtes les plus robustes et les plus délicates. Ils chemineront six mois à travers les plus affreuses solitudes, peu nourris, pas abreuvés, et ne s’en porteront que mieux. Puis, un jour que rien ne leur fait défaut, ils s’allongent sur le flanc, et vous faussent compagnie avec une simplicité déconcertante.

Quand nous vîmes, Tanit-Zerga et moi, qu’il n’y avait plus rien à faire, nous nous relevâmes et regardâmes sans mot dire les sursauts de l’animal qui diminuaient. Lorsqu’il exhala son dernier souffle, nous sentîmes que c’était également notre vie à nous qui s’envolait.

Ce fut Tanit-Zerga qui, la première, prit la parole.

— À combien sommes-nous de la route du Soudan ? — demanda-t-elle.

— Nous sommes à deux cents kilomètres de l’oued Telemsi, — répondis-je. — On peut gagner trente kilomètres en marchant vers Iferouane, mais sur ce parcours les puits ne sont pas tracés.