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bête. Tout de suite, Tanit-Zerga lui avait donné un nom, El-Mellen, le blanc, car ce magnifique méhari avait une robe presque immaculée. Il resta une fois deux jours sans manger, arrachant seulement, de-ci, de-là, une branche à quelque acacia-gommier, dont les hideuses épines blanches, longues de près de dix centimètres, me remplissaient de crainte pour l’œsophage de notre ami. Les puits repérés par Cegheïr-ben-Cheïkh étaient bien aux endroits indiqués mais nous n’y trouvions qu’une brûlante boue jaunâtre. Elle suffisait au chameau, si bien qu’au bout de cinq jours, grâce à des prodiges de tempérance, nous n’avions consommé que le contenu d’une des deux outres d’eau. À ce moment, nous pûmes nous croire sauvés.

Près d’une de ces flaques bourbeuses, je réussis ce jour-là à abattre d’un coup de carabine une gazelle des dunes, aux petites cornes droites. Tanit-Zerga dépouilla la bête, et nous nous régalâmes d’un beau cuissot cuit à point. Pendant ce temps, la petite Galé qui, pendant nos haltes du jour, au moment de la grande chaleur, ne cessait de fureter à travers les roches creuses, découvrit un ourane, un crocodile des sables, long de trois coudées, et eut tôt fait de lui tordre le cou. Elle mangea à ne plus pouvoir bouger. Il nous en coûta une pinte d’eau pour aider sa digestion. Nous la lui accordâmes de bon gré, car nous étions heureux. Tanit-Zerga ne me le disait pas, mais je voyais la joie où la mettait la conviction que je ne songeais plus à la femme au pschent d’or et d’émeraude. Et