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— Si tu savais, si tu savais !… Emmène-moi, petite, emmène-moi.

— Parle plus bas, — fit-elle, — il y a un Targui blanc derrière ta porte en sentinelle.

— Emmène-moi, sauve-moi, — répétai-je.

— Je suis venue pour cela, — fit-elle simplement.

Je la regardai. Elle n’avait plus sa belle tunique de soie rouge : un simple haïk blanc l’entourait ; elle en avait relevé un pan sur sa tête.

— Moi aussi, — dit-elle d’une voix éteinte, — je veux partir ; il y a longtemps que je veux partir. Je veux revoir Gâo, le village au bord du fleuve, les gommiers bleus, l’eau verte.

Elle répéta :

— Depuis que je suis ici, je veux partir ; mais je suis trop petite pour aller seule dans le grand Sahara. Jamais je n’ai osé en parler à ceux qui sont venus ici, avant toi. Tous, ils ne pensaient qu’à elle… Mais toi, tu as voulu la tuer.

Je poussai un gémissement sourd.

— Tu souffres, — dit-elle, — ils t’ont cassé le bras.

— Démis, tout au moins.

— Montre.

Avec une infinie douceur, elle passait sur mon épaule ses petites mains plates.

— Il y a un Targui blanc en sentinelle derrière ma porte, Tanit-Zergat, — fis-je. — Par où es-tu venue, alors ?

— Par là, — dit-elle.