Page:Benoit L Atlantide.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

on n’en distinguait plus les couleurs. À l’occident, derrière les dunes ébréchées sur le violet noir du ciel, le soleil avait disparu.

Quand nous eûmes franchi la porte du fortin, Châtelain me quitta.

— Je vais aux écuries, — dit-il.

Resté seul, je regagnai la partie du fort où se trouvent le logement des Européens et le magasin à munitions. Une inexprimable tristesse courbait mon front.

Je pensai à mes camarades des garnisons françaises : à cette heure, ils devaient être en train de rentrer chez eux, où les attendait, disposée sur le lit, leur tenue de soirée, le dolman à brandebourgs, les épaulettes étincelantes.

« Dès demain, me dis-je, j’adresserai une demande de mutation. »

L’escalier de terre battue était déjà noir. Mais quelques lueurs pâles rôdaient encore dans le bureau quand j’y pénétrai.

Penché sur les registres d’ordre, un homme était accoudé à ma table. Il me tournait le dos. Il ne m’avait pas entendu venir.

— Eh bien, Gourrut, mon garçon, je vous en prie, ne vous gênez pas. Faites comme chez vous.

L’homme s’était levé, je le vis, assez grand, svelte et pâle.

— Lieutenant Ferrières, n’est-ce pas ?

Il s’avança et me tendit la main.

— Capitaine de Saint-Avit. Enchanté, mon cher camarade.