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— J’ai songé à tout cela, — dit Morhange.

— Une dernière fois, — répéta Antinéa.

La merveilleuse sérénité du visage de Morhange se fit alors telle que je ne vis plus son interlocutrice. Il n’y avait plus rien de la terre dans ce visage transfiguré.

— Une dernière fois, — fit la voix presque brisée d’Antinéa.

Morhange ne la voyait plus.

— Eh bien, sois satisfait ! — dit-elle.

Un son clair retentit. Elle avait frappé sur le timbre d’argent. Le Targui blanc parut.

— Sors.

Et Morhange, tête droite, sortit.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Maintenant Antinéa est entre mes bras. Ce n’est plus l’altière, la méprisante voluptueuse que je presse sur mon cœur. Ce n’est plus qu’une petite fille malheureuse et bafouée.

Telle est sa prostration : elle ne s’est pas étonnée de me voir surgir à côté d’elle. J’ai sa tête sur mon épaule. Comme le croissant lunaire dans les nuages noirs, je vois apparaître et disparaître parmi la chevelure le petit profil d’épervier. Ses bras tièdes m’étreignent convulsivement…

Ô tremblant cœur humain…

Qui pourrait résister à de tels embrassements, parmi ces parfums multipliés, cette moiteur nocturne ! Je sens que je ne suis plus qu’un être abdiqué. Est-ce ma voix, cette voix qui murmure :