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grand burnous blanc, qui connaissait à merveille notre langue, demanda à parler au Cheikh Sonni-Azkia. Mon père s’était avancé et ayant dit que c’était lui, le marabout lui raconta que le commandant du cercle de Tombouctou était très en colère, qu’à un mille de là, la canonnière venait de donner dans une digue invisible de pilotis, et qu’il y avait des avaries, et qu’elle ne pouvait continuer ainsi son voyage vers Ansango.

« Mon père répondit que les Français, protecteurs des pauvres sédentaires contre les Touareg, étaient les bienvenus ; que ce n’était pas par malice, mais à cause du poisson et de la nourriture qu’avait été construit le barrage et qu’il mettait à la disposition du chef français toutes les ressources de Gâo, dont une forge, pour la réparation de la canonnière.

« Pendant qu’ils parlaient, le chef français me regardait, et je le regardais aussi. C’était un homme déjà âgé, aux épaules fortes un peu voûtées, aux yeux bleus aussi clairs que la source dont je porte le nom.

« — Viens ici, petite, — fit-il d’une voix qu’il avait douce.

« — Je suis la fille de Cheikh Sonni-Arkia, et je fais ce que je veux, — répondis-je, vexée de tant de désinvolture.

« — Tu as raison, — reprit-il en souriant, — car tu es jolie. Veux-tu me donner les fleurs que tu as au cou.

« C’était un grand collier d’hibiscus pourpres.