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les ignobles boudins graisseux que deviennent les corps des noirs bien soignés.

Un large cercle de cuivre faisait autour de son front et de ses cheveux une lourde ferronnière. Elle avait quatre bracelets, plus larges encore, aux poignets et aux chevilles, et, comme vêtement, une tunique de soie verte, échancrée en pointe, soutachée d’or. Vert, bronze, or.

— Tu es Sonrhaï, Tanit Zerga ? — fis-je doucement.

Elle répliqua, avec une sorte de fierté dure :

— Je suis Sonrhaï.

« Bizarre petite », pensai-je.

Visiblement, il y avait un point sur lequel Tanit-Zerga n’entendait pas laisser dévier la conversation. Je me rappelai l’air presque de souffrance quand elle m’avait dit qu’on avait chassé Hitram-Roi, avec lequel elle avait prononcé ce on.

— Je suis Sonrhaï, — répéta-t-elle. — Je suis née à Gâo, sur le Niger, l’antique capitale sonrhaï. Mes pères ont régné sur le grand empire mandingue. Si je suis ici comme esclave, il ne faut pas me mépriser.

Dans un rayon de soleil, Galé, assise sur son petit derrière, lustrait ses moustaches luisantes avec ses pattes de devant ; Hiram-Roi, vautré sur la natte, dormait, poussant, de-ci, de-là, un grognement plaintif.

— Il rêve, — dit Tanit-Zerga, un doigt sur les lèvres.

— Il n’y a que les jaguars qui rêvent, — fis-je.