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— Antinéa, — me disait-elle, — est fille d’El-Hadj-Ahmed-ben-Guemâma, amenokal du Hoggar, et cheikh de la grande tribu noble des Kel-Rhela. Elle est née en l’an douze cent quarante et un de l’Hégire. Elle n’a jamais voulu épouser quiconque. Sa volonté a été respectée, car la volonté des femmes est souveraine dans ce Hoggar, sur lequel elle règne aujourd’hui. Elle est petite-cousine de Sidi-El-Senoussi, et elle n’a qu’un mot à dire pour que le sang roumi coule à flots du Djerid au Touat et du Tchad au Sénégal. Si elle l’avait voulu, elle aurait vécu belle et respectée au pays des roumis. Mais elle préfère qu’ils viennent à elle.

— Cegheïr-ben-Cheïkh, — disais-je, — tu le connais ? Il lui est tout dévoué ?

— Nul ne connaît ici très bien Cegheïr-ben-Cheïkh, parce qu’il est constamment en voyage. Il est vrai qu’il est tout dévoué à Antinéa. Cegheïr-ben-Cheïkh est Senoussi, et Antinéa est la cousine du chef des Senoussi. En outre, il lui doit la vie. Il est un de ceux qui assassinèrent le grand Kébir Flatters. À cause de cela, Ikhenoukhen, amenokal des Touareg Azdger, par crainte des représailles des Français, voulut qu’on leur livrât Cegheïr-ben-Cheïkh. Quand tout le Sahara le rejetait, c’est auprès d’Antinéa qu’il trouva asile. Cegheïr-ben-Cheïkh ne l’oubliera jamais, car il est brave et pratique la loi du Prophète. Pour la remercier, il conduisit à Antinéa, alors âgée de vingt ans et vierge, trois officiers français du premier corps