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« Quand je sortis de la gare de Lyon, j’avais la sensation d’avoir réussi une excellente plaisanterie.

L’hetman de Jitomir était complètement ivre. J’eus toutes les peines du monde à comprendre la fin de son histoire, d’autant qu’il l’entremêlait à chaque instant de couplets empruntés au meilleur répertoire de Jacques Offenbach :

Dans un bois passait un jeune homme,
Un jeune homme frais et beau,
Sa main tenait une pomme,
Vous voyez d’ici le tableau.

« Qu’est-ce qui fut désagréablement surpris par le coup de Sedan ! ce fut Casimir, le petit Casimir. Pour le 5 septembre, cinq mille louis à payer, et pas le premier sou, non, pas le premier sou. Je prends mon chapeau et mon courage, et pars pour les Tuileries. Il n’y avait plus d’Empereur, pardieu, non. Mais l’Impératrice était si bonne. Je la trouve seule, — ah ! les gens déguerpissent vite dans ces circonstances, — seule avec un sénateur, M. Mérimée, le seul homme de lettres que j’aie connu qui fût en même temps homme du monde. « Madame, lui disait-il, il faut abandonner tout espoir. M. Thiers, que je viens de rencontrer sur le pont Royal, ne veut rien entendre.

« — Madame, — dis-je à mon tour, — Votre Majesté saura toujours où sont ses vrais amis.