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médiatement les Touareg, et surtout le voisin de droite de Clémentine. El-Hadj-ben-Guemâma, propre frère du Cheikh Othman, et amenokal du Hoggar. Au potage essence de gibier, arrosé de tokay, il était déjà très épris. Quand on servit la compote de fruits Martinique à la liqueur de Mme Amphoux, il manifestait les signes les plus excessifs d’une passion sans bornes. Le vin de chypre de la Commanderie acheva de l’éclairer sur ses sentiments. Hortense me faisait du pied sous la table. Gramont, pour avoir voulu en faire autant à Anna, se trompa et souleva les protestations indignées d’un des Touareg. Je puis affirmer que lorsque l’heure vint de partir pour Mabille, nous étions fixés sur la façon dont nos visiteurs respectaient la prohibition édictée par le Prophète à l’égard du vin.

« À Mabille, tandis que Clémentine, Horace, Anna, Ludovic et les Trois Touareg se livraient au plus endiablé des galops, le Cheikh Othman m’avait pris à part, et me confiait avec une visible émotion certaine commission dont venait de le charger son frère, le Cheikh Ahmed.


« Le lendemain, à la première heure, j’arrivai chez Clémentine.

« — Ma fille, — commençai-je après être, non sans peine, parvenu à la réveiller, — écoute-moi, j’ai à te parler sérieusement.

« Elle se frotta les yeux avec humeur.

« — Comment trouves-tu ce jeune seigneur