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Je regardai, à ma droite, Sydya. Ses immenses cheveux noirs couvraient ses épaules. Elle était réellement très belle, un peu ivre, comme toute cette fantasmagorique assistance. Elle me regardait aussi, mais en dessous, avec un air de bête timide.

« Ah ! pensai-je. Elle doit avoir de la crainte. Il y a écrit sur ma tête : chasse gardée. »

Je frôlai son pied. Elle le recula peureusement.

— Qui veut des cartes ? — demanda Koukou.

— Pas moi, — fit l’hetman.

— Servie, — dit Sydya.

Le cuisinier tira un quatre.

— Neuf, — dit-il.

— La carte qui m’était destinée, — sacra le comte. — Et cinq, j’avais cinq. — Ah ! si je n’avais pas jadis promis à Sa Majesté l’empereur Napoléon III de ne plus jamais tirer à cinq. Il y a des moments où c’est dur, dur… Et voilà cette brute de nègre qui fait Charlemagne.

C’était vrai, Koukou, ayant raflé les trois quarts des jetons, se levait avec dignité, et saluant l’assistance.

— À demain, messiés.

— Allez-vous-en tous, — hurla l’hetman de Jitomir. — Restez avec moi, monsieur de Saint-Avit.

Quand nous fûmes seuls, il se versa encore un grand gobelet d’alcool. Le plafond de la salle disparaissait dans la fumée grise.

— Quelle heure est-il ? — demandai-je.